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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 14:51

Quelques mois auparavant, j'avais assisté sur la scène du Volcan à la dernière d'un théâtre. Cette pièce emmenée par Vanessa Van Durme, m'avait valu l'inspiration nécessaire pour écrire.

Il y a quelques jours, je reçois un mail des relations publiques du Volcan m'informant que jeudi, vendredi et samedi soir dernier, Vanessa Van Durme rejouait au Volcan, mais dans une toute autre pièce. Ni d'une ni deux je m'organise. Les choses étant bien faites, j'avais prévu de venir sur Le Havre vendredi soir.

19h00 vendredi 12 octobre 2012 : nous arrivons avec mon ami au Volcan maritime. Assez étonnamment il n'y a encore quasiment personne. Nous nous asseyons au bar en nous accompagnant d'un verre de vin rouge. 

19h30 : Nous nous dirigeons vers la billeterie et là encore, il n'y a pas foule. D'ordinaire à cette heure-ci, le hall est pris d'assaut.

19h50 : Nous rentrons en salle. C'est pour nous l'inauguration de la salle Normandy. Je suis assez étonnée et même perplexe de voir que ce soir on joue dans la petite salle, et qu'en plus elle n'est pas pleine. Mais je m'en ravie rapidement, puisque nous pouvons choisir de bonnes places ! 

Autour de 20h, Vanessa entre sur scène, ou plutôt dans la pièce. Pendant l'heure et demie qui a suivi, je n'ai pas eu l'impression d'être au théâtre, plutôt autour d'un café ou d'un verre avec une dame que j'avais déjà rencontré, mais que je ne connaissais que superficiellement.

Le spectacle commence et je reste intérrogée. Les débuts semblent un peu flous, on ne sait pas trop d'où l'on part, où l'on va. Elle nous parle de banalités, de lieux communs sur les genres, je suis inquiète quand à la suite de la soirée.

Mais progressivement, on en arrive à sa vie, sa naissance, son enfance, on évoluera bien vite sur ses relations, son adolescence, ses attirances, le début de sa prise de conscience, l'acceptation de sa véritable identité et finalement sa transformation, synonyme de renouveau et de dévirginisation au sens le plus large.

Son langage est quelque peu cru mais n'ôte rien en sensiblité. Elle sait tourner en dérision certains de ces épisodes et sait nous faire partager les moments prenants de son existence. Entre fou-rire, sourire, émoi et pleures, notre état tout au long du spectacle est à l'image du sien tout au long de sa vie.

La pièce est sacadée. C'est un one-woman show. A elle seule elle fait vivre cette pièce: elle joue son rôle, celui du contexte et celui des ses influences. Tour à tour c'est sa mère, son père, un inconnu... Très vite, le public se met dans sa peau, celle d'une femme tourmenté par ce qu'elle est ou n'est pas, assaillie par milles et une voix, milles et une personnes croisant son chemin.   

Dans une époque peu favorable au changement de sexe et au transformisme, elle met en exergue la relation qu'elle entretien avec ses parents. Sa relation maternelle est pleine de douceur, d'altruisme et d'amour. Une mère aimante se heurtant légèrement au désarroi tantôt d'un père désirant voir en son fils un homme, tantôt à celui de voir son enfant malheureux sans même pouvoir le comprendre. C'est aussi la relation avec son père qui n'aura de cesse de contempler impuissant la mort de son fils et la naissance d'une fille, un père qui malgré toutes ces tensions finira par accepter par amour.

Elle, nous parlera de sa vie, de son mal-être en tant que garçon et de tout son chemin vers l'accomplissement : le vide sociale dans son enfance, la marginalisation subit au quotidien et la prostitution, passage forcé. La prostitution qui comme elle l'explique laisse à jamais des blessures : avoir vendu la seule chose qui lui appartienne vraiment, avoir vendu son corps, même si ce corps elle ne l'acceptais pas vraiment. Toute sa vie elle aura lutter contre et pour lui, elle ne l'aura pas compris, elle aura été dégouté, elle l'aura sali, puis elle l'aura tranformé pour qu'enfin il soit en accord avec son esprit.

Mais dans cette recherche d'harmonie c'est aussi avec ses parents qu'elle cherche à être en paix : début et fin leur sont consacrés.

 

Le rideau tombe, est les larmes coulent sur mes joues. Nous sortons, j'ai là gorge encore nouée.

Comme prévu, nous restons pour dîner au Mate l'eau et autour d'un délicieu repas d'inspiration belge, nous discutons de cette expérience : les rires, les émotions, la réflexion. Nous n'avions pas spécialement d'apriori sur les transexuels, seulement une incompréhension. Nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi on peut vouloir changer son corps, en aller si loin. Pourquoi ne pas chercher à aimer son corps? Pourquoi se fixer comme ligne de vie de vouloir coute que coute devenir autre chose ? Ni l'acte ni la démarche ne sont anodins. 

je ne pensais jusqu'à présent que le corps n'était accepté que si l'on savait se connaître intérieurement. Le corps avait dans l'épanouissement une moindre importance. Mais après cette soirée avec Vanessa Van Durme, je comprends mieux que le corps est l'accomplissement de l'esprit. Ce n'est que l'âme en paix que l'on peut faire de notre corps ce que bon nous semble : il est à nous ! 

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 22:33

London, here you are in London.

Trafalguar square - The National Gallery

11 July - 23 September

Prendre quelques jours a Londres et passer par La National Gallery (surtout jusqu'au 23 septembre) me semble des a présent vous être essentiel.

Aujourd'hui j'avais prévu de visiter le grand musée londonien. J'étais prête a découvrir quelques siècles d'histoire a travers certains des plus grands chefs d'oeuvres que puisse porter notre chère planète, et d'une certaine manière, je n'ai pas été déçue.

Une affiche: Metamorphosis. A première vue, peu d'explications, mais j'ai toujours aime les expo temporaires (et puis quand c'est "for free" a la National Gallery, on n'hésite pas longtemps). Après une courte attente de 5 ou 10 minutes, enfin me voila entrée. Je suis les panneaux et descend a l'étage inférieur par un imposant escalier ... se sont alors ouvertes devant moi les portes infernales de cette extraordinaire "exhibition".

  Comment décrire "Metamorphosis"? Si l'on parle de métamorphoses, on pensera, et bien justement, a Ovide et son oeuvre épique. On marquera déjà un bon point. Si l'on pense aux illustres artistes s'étant inspires du récit on pensera, entre autres, a Titien (1506-1576). Bien ! Nous pouvons alors commencer l'exposition !

La première pièce mais aussi la plus centrale, c'est celle qui vous présente les trois oeuvres maîtresses de l'exposition : Diane et Callisto, Diane et Acteon, La Mort d'Acteon.

Autour de ces trois tableaux se déroule et se prolonge toutes les réflexions. Après qu'Ovide ce soit inspiré de la mythologie greco-romaine pour ses Métamorphoses, après que Titien ce soit inspiré d'Ovide pour ses tableaux, voila qu'enfin une multitude d'artistes de toutes disciplines s'inspire de Titien et ses peintures. Qu'ils soient peintres/designers, chorégraphes, danseurs, compositeurs et poètes, tous ont eu a participer a leur maniere a compléter au mieux cette métamorphose.

Découvrez ainsi les décors et les costumes créés par ces  trois contemporains(Chris Ofili, Conrad Shawcross et Mark Wallinger) pour trois spectacles élabores par les plus grands chorégraphes britanniques actuels. Les repetitions vous sont ouvertes, des extraits vous sont proposes, ainsi que la lecture des creations de celebres poetes sur les trois oeuvres de Titien. Découvrez toutes les possibles ré-interprétations de l'Oeuvre

http://www.nationalgallery.org.uk/whats-on/exhibitions/metamorphosis-titian-2012

 

 

 

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 21:11

Le jour où un violoncelle m'a fait pleurer.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 13:37

1~0

La photo, c’est un peu de lumière mélangée à soi-même.

Avez-vous déjà eu l’occasion de voir par l’œil de quelqu’un d’autre ? Seriez-vous sûr de voir ce que cet autre voit en regardant ce même banc ? Un banc, ou plus ? La mise en scène de cette photo ne voudrait-elle pas vous suggérer quelque chose d’autre ? Le choix du positionnement des éléments, la lumière, le niveau de netteté de l’image, le ressenti dû à cet ensemble ne vous offriraient-il pas une nouvelle vision?

Lors d’un court instant, en regardant les photos du voyage d’un ami, celle d’un journaliste ou même celle d’un artiste, vous serez en possession du regard de leur photographe et de sa manière d’appréhender le monde : son âme.

Pour ce faire bien sûr encore faut-il vouloir s’y plonger.

Il y a quelques semaines,  je prenais possession d’un vieux reflex argentique qu’avait acheté mon père il y a bien des années. Ce vieux Minolta SRT 303b équipé de son objectif de 50mm ne manque pas de faire son effet sur les néophytes comme sur les plus émérites. Depuis c’est la découverte ! De photo en photo j’en découvre un peu plus sur son fonctionnement et il me livre lentement quelques un de ses secrets.

J’avais lu un jour que la photographie et le portrait plus précisément, sont des actes d’amour. Il ne peut y avoir de belle photo si le photographe lui-même n’est pas persuadé de la beauté de son sujet. Le cadrage, la mise au point, l’armement et le déclenchement nourrissent cette adoration du photographe pour sa matière. Tous les photographes qu’il m’a été donné de rencontrer depuis peu ont toujours eu en commun cet émoi photographique. Leurs approches pouvaient être toutes différentes, leur excitation restait toujours semblable.

Alors petit à petit je me plonge dans cet univers fantastique, partageant avec ceux qui savent et ceux qui aiment, me satisfaisant de certaines photos pour un moment et espérant toujours faire mieux la fois d’après.

Au fond avec la photo, j’ai la même intention qu’avec ce blog, faire au plus beau et au plus juste sans aucune prétention. Cela dit entre intention et réalité, il n’y a qu’un pas : le progrès et la connaissance.

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 13:58

281541_10150321717155339_533570338_10141313_84260_n.jpgUne vie si l'on y pense, c'est un voyage. On avance d'étape en étape, parfois on revient sur certaines, on avance seul ou à plusieurs, on vit de beaux moments, on voit des choses qui nous émerveillent, et quelques fois on fait de mauvaises expériences. Mais tout au long de la route, ce que l'on ne cesse de nous répéter, c'est que ce qu'il restera au fond de notre sac, ce ne seront que les beaux moments.

Pour ma part ces moments de bonheur sont tels des scènes de cinéma, où tout est réuni pour faire de l'instant un pur moment de magie: entourage, lieu, histoire, musique,

Laissez-moi vous raconter ... 

Été 2011; après un mois passé en Espagne au sud de Tarragone à travailler dans un restaurant, je pars avec une collègue visiter la région. Première étape et non des moindres : Valence ! Après avoir visité la ville (superbe !) et sur les conseils d'un ami y ayant vécu pendant une année, je me rends dans un petit bar à tapas: le "Mar de Vi" ! Celé dans un petit quartier à la périphérie de la ville, la "calle de la historiada Sylvia Romeu" nous ouvre ses portes. En soi, ce quartier n'a rien de dépaysant, l'architecture y est même très banale, mais la soirée en aura été tout autre.

Une décoration tout ce qu'il y a de plus cordial, des fûts en guise de tables, de petits tabourets, un mur servant de présentoir aux dizaines de bouteilles de vins, des couleurs chaleureuses et une tablée de jeunes habitués, réunis autour d'une bouteille et de quelques bouchées de charcuterie traditionnelle, fromages et autres pommes de terre cuisinées, tout ça à vraiment pas cher : je vous présente le Mar de Vi !

A ma table ce sera Jamon Iberico et toast de camembert à la confiture, accompagnés d'une bouteille de Marina Alta Blanco et bientôt d'une deuxième (pas très local le camembert, mais que voulez-vous c'est plus fort que moi !). Les papilles exaltent, l'esprit s'enivre et les lumières fondent encore un peu plus à chaque minute qui passe, on parle de plus en plus fort, on rit. Quelque part entre deux gorgées de vin, servi dans de petits ramequins en verre, je m'éclipse jusqu'à la sortie du bar. Je m'adosse à un lampadaire qui éclaire la rue. C'était une nuit chaude de mois d'août. Au loin j'entendais la mélodie d'un accordéon et d'une guitare. L'air tiède transportait avec lui sons et odeurs, les vapeurs de vins aidaient un peu plus à mon apaisement. Tous mes sens étaient en éveil, j’étais comme subjuguée par ce lieu, cette musique, ce temps.

Cette soirée je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était un moment purement féérique. Tout était réuni pour qu'il reste dans ma mémoire. L'instant était parfait et bien que révolu, je ne cesse de le revivre lorsque je ferme les yeux.

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 17:56


La nouvelle danse franç
bagno.jpgaise, courant français de     danse comme son nom l'indique, né dans les années 70, se veut un mouvement de renouveau et d'affirmation d'une identité chorégraphique française en opposition à la quasi hégémonie américaine. On y associe obligatoirement les noms de Jacques Chaurand et du concours de danse de Bagnolet, catalyseurs de ce mouvement contemporain.

Le Volcan du Havre nous proposait jeudi soir une rétrospective de ce concours, éclairée par Emilio Calcagno, directeur artistique de la compagnie ECO. Deux saisons auparavant, le Volcan nous avait déjà proposé un spectacle chorégraphié par un des grands noms de ce mouvement :"Recours aux Forêts" de Carolyn Carlson. Ce dernier offrait un regard incisif sur la fuite vers la nature afin d'échapper à un monde parfois trop ignominieux.

Avec "Nouvelle Vague", on nous propose quatre tableaux("Chansons de nuit" 1976, "Suite" 1980, "Chiquenaude" 1982, "Marché noir" 1985) tous mis en contexte : contexte du concours évoluant d'année en année, luttant contre les enjeux commerciaux et les diverses influences; contexte sociétal rythmé par les modes de vie, de consommation, les aspirations artistiques de l'époque et la volonté d'émancipation et de reconnaissance des chorégraphes français.

Les chorégraphies sont mécaniques et déstructurées. La seconde: "suite" prix de l'humour 1980, est presque théâtrale pour correspondre aux attentes distrayantes du jury et des spectateurs. Les chorégraphies jouent aussi sur les costumes et les codes couleurs donnant un effet à la fois d'emboîtement et de fusion mais aussi de dispersion et de différenciation. Le spectacle lui même était entrecoupé des interventions sur écran d'Emilio Calcagno, énergisantes et explicatives.

En sortant de cette représentation, ce qui m'aura marqué c'est que ce que j'ai finalement aimé, c'est ce que je n'ai pas apprécié. Les chorégraphies parfois très saccadées, à la limite du disgracieux, ne m'ont pas provoqué de plaisir et c'est à ce moment que mon oeil s'est orienté sur les mouvements des corps. Ce spectacle ne me plaisait pas, il m'intéressait. Je prenais plaisir à décortiquer encore plus chacun des mouvements exécutés.

Entre leçon d'histoire de l'art chorégraphique et théâtre d'une révolution culturelle, ce spectacle offre de nombreuses pistes et semble répondre aux attentes disparates d'hier et d'aujourd'hui.

 

"Nouvelle vague" présenté au Volcan au Havre par la compagnie ECO

Le 17/02/12

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 00:31

Les ImprobablesIl y a vraiment des jours où on a pas de chance. Il y a ces périodes où on a vraiment envie de tout envoyer balader. Il y a des moments où on ne sait plus quoi faire, ne serait-ce que pour arrêter de penser.

 

On décide donc de sortir, de s'aérer. Alors sortir c'est bien, mais sortir accompagnée c'est encore mieux, même si la perspective d'être seule ne me dérange pas spécialement. En effet un spectacle c'est un moment de partage entre artistes et spectateurs certes, mais aussi entre les spectateurs eux mêmes.

Aussi mercredi, je m'arme d'amis, en détresse comme moi à ce moment précis, et nous partons pour le petit théâtre pour réitérer notre expérience du mois précédent. Nous avions rit aux éclats pendant deux heures, comme l'ensemble du public présent ce soir là. Arrivé sur place, comme la dernière fois, il est difficile de se garer, tout le public du petit théâtre a pris d'assaut les places de parking du quartier. Une fois garé, nous faisons la queue (très organisée malgré l'apparence un peu chaotique), nous récupérons nos places et nous nous installons.

Ismaël ( à g. sur la photo) fait son entrée sous l'acclamation du public. Usuellement animateur de la petite troupe, ce soir à l'occasion de la Saint Valentin, il était présentateur d'un remake de l'émission d'M6, "L'amour est dans le pré" avec pour candidats: François, Bastien, Roxanne et une nouvelle : Antonia. Présentation, rencontres, élection du meilleur couple, scènes du quotidien, rien n'échappe à leur jeu rythmé par les choix et les interventions du public.

Je ne reprendrai pas le spectacle en lui même, ce qui n'aurait pas vraiment de sens. En revanche, je me ferais le plaisir de vous parler de leur performance. L'improvisation, art difficile qui demande créativité, rigueur, réaction, réparti et charisme est tout simplement délicieux avec de tels professionnels. On pourrait vite partir dans le "facile", dans des histoires pré-fabriquées ou tout au contraire dans des histoires tellement alambiquées que plus personnes ne pourrait les suivre.

Mais ici, tout le monde en prend pour son grade et tout le monde se sent comme réconforté. On ne cesse de se demander "mais où ces génies vont-ils trouver de telles idées ?", "Comment font-il pour toujours rester juste ?", "Comment cinq personnes arrivent en improvisant à en faire rire 209 ?". Comique de situation, actualités, explosion des tabous, vie quotidienne, clichés, tout y passe et ça nous parle. Fondamentalement, rien n'est inventé, tout n'est qu'inspiré de nos vies, peut-être est-ce pour cela que l'on se sent, un mercredi par mois au petit théâtre au Havre, chez nous, bien au chaud entourés de ces deux-cents et quelques personnes.

 



Match d'improvisation - Les Improbables

Mercredi 15 février - Petit Théâtre au Havre


 

  

 

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 09:03

Gardénia

"Le gardénia est certainement l’une des plus belles plantes d’intérieur.
On l’aime particulièrement pour sa floraison abondante qui dégage un doux parfum de jasmin."

 

Un bouquet de fleur en vitrine sous l'oeil du public. Et le public parlons-en. Je suis jeune et étudiante. Mais je hais les jeunes étudiants, lycéens tout particulièrement, qui, sous prétexte qu'ils soient forcés de venir, parlent et chuchotent de façon à ce que l'on se concentre plus sur eux que sur la pièce. Quel dommage !

 

Aparté faite, revenons-en à nos fleurs. C'est une histoire avec un début et une fin, ou plutôt une fin au début. Le début c'est la dernière de ce théâtre de transsexuels, tous âgés d'environ soixante ans. C'est l'histoire d'une pièce dans la pièce et l'histoire d'une vie, ou de neuf vies. 

On entame avec des individus en costume. Parmi eux une actrice, un homme et sept transsexuels. Parmi eux, six se sont reconvertis il y a des années et ont accepté de renouer avec les planches sous l'initiative de Vanessa Van Durme.

 

Succession de tableaux, de chants et de chorégraphies, on applaudit comme pour un show de cabaret, sans jamais vraiment savoir quand on doit applaudir puisque nous ne sommes pas dans un simple show, on ne sait pas trop de quoi nous sommes spectateurs. Et puis vient une autre scène, celle qui se déroule en coulisses et qui dévoile son lot d'émotions.

 

A la fois drôle, crue et très touchante, cette pièce nous propose une immersion en tant que spectateur mais aussi en tant que complice de ces moments de partage, dans les coulisses de la pièce et celles de la vie des acteurs. On nous présente leurs joies et leurs faiblesses. Ils nous présentent leur fierté et leur tendresse, leur folie et leur réalité. La réalité c'est de devoir sans cesse se transformer, se déguiser pour montrer l'éclat, la couleur et le pétillant, pour cacher le privé, l'intime et la souffrance. C'est le courage d'avoir déjà fait tout ce chemin et de devoir continuer en accord avec soi-même et en désaccord avec les codes établis. Dans cette pièce on ne cherche pas a défendre le droit des transsexuels, on ne cherche pas à nous convaincre ou nous persuader, encore moins à nous faire comprendre. On nous raconte et on partage des sentiments. Ces individus même maquillés, même déguisés, se livrent à nous dans leur plus simple appareil, honnêtes et vrais.

 

Petit coup de cœur pour le danseur et seule homme de la pièce : Hendrik Lebon, en plus d'être certes beau garçon (ce qui n'est pas sans intérêt) il élargi les horizons du spectacle grâce à ces quelques pas de danse. L'enfant, le protégé de ces dames, à la fois lové et perdu dans ce monde parallèle où l'homme et la femme, le père et la mère n'existent plus en tant que tels. Adopter les codes transsexuels, adopter cette troupe ou se faire adopter, c'est un peu sa vie.

 

Cette pièce fait du bien, elle fait rire, elle fait pleurer, elle nous entraîne dans un autre monde, tellement différent et étrange et pourtant tellement semblable.

 

 

Présenté au Volcan le 04/12/2011

 

 

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 12:56

AKTE

Etre ou ne pas être libre…


" Venir au théâtre pour se faire insulter, en voilà une drôle d'idée. Ce n'est pas comme si personne n'était au courant, tout le monde avait lu le résumé du spectacle, tout le monde connaissait le titre, tout le monde avait choisi.

Il est en réalité dans ce spectacle bien plus question de manipulation que d'insultes. Une manipulation qui commence par une promesse On nous promet d'abord que tout va se dérouler comme pour n'importe quelle autre représentation : on nous fait entrer en salle, on nous propose un vestiaire, on nous propose même de choisir un siège et une place, choisir enfin d'entendre ou de ne pas entendre ce qu'on va nous proposer. Avec un spectacle intitulé « insultes au public », on nous promet d’une certaine manière, qu'il n'y aura que des insultes, des outrages, des chocs, auxquels nous pourrons répondre. On nous promet que nous pourrons choisir.

Enfin ! Çà commence ! On nous parle, une avalanche de mots, de paroles, de texte. Dans ce texte on trouve tout, rien et son contraire. Un « lavage de cerveau » efficace, afin de priver chacun de son libre-arbitre, de sa capacité à déterminer librement qui il est et qui il veut être. Il n'y a plus ici d'individus, juste un groupe. Tout le monde perd ses repères. On nous a imposé un modèle, et nous l'avons accepté, nous nous tournons vers lui sans cesse, et paniquons de le perdre du regard.


Ceux qui étaient rentrés en tant que spectateurs se sont transformés en acteurs, malgré eux, sans pouvoir le choisir. Ils ont perdu la possibilité de se définir dès qu'ils ont passé les portes de cette salle.
Les acteurs présumés du spectacle sont devenus des voix-off, prologue de notre histoire. Même s'ils étaient présents, le texte semblait lointain. Même s'il semblait lointain, il nous emprisonnait.
La manipulation a atteint son comble lorsque un individu (un spectateur qui n’en était plus vraiment un) a tenté de s'affirmer au sein du groupe. Le texte l’a ignoré, faisant comme si l'individualité n'avait aucun écho dans ce groupe. Cependant quand il s’y prêtait, (et il s'y prêtait toujours) le texte pointait soudain du doigt l'individu, lui redonnant ainsi l'illusion d'être libre. Le texte était d'une beauté effrayante. D'apparence à la fois simple et d’une composition complexe il traitait de la généralité dans tous ses détails. Tous les comportements individuels devenaient alors invisibles, seul comptait le jugement que l'on avait du groupe. Puis vint la libération : les insultes ! Ce sont par elles que les voix se sont rapprochées et nous ont libéré.


Enfin ! Les artistes s'adressaient vraiment à nous ! La pièce que nous jouions était finie. Etait venu le temps du feed-back et de la critique. L'insulte, même mal perçue, était salvatrice. 
Pour finir, je citerai Sartre, qui dans un article des Lettres Françaises de 1944 proclamait, et non sans émoi, que : "Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande". Dans sa vision être libre, c’est choisir : non pas choisir le monde qui nous entoure, mais nous choisir dans un monde donné.
Jamais peut-être n'avons nous été plus libre que pendant ce spectacle. C'était notre temps, nous pouvions décider de ce que nous voulions être, de ce que nous voulions faire. Partir ou rester ? "


 

 

Ce spectacle nous a été proposé par la Scène Nationale du Volcan au Havre dans le cadre de la mise en place d'un blog "spectaCteur" (ou quand le spectateur devient acteur). 

Cette soirée était la première, nous l'espérons, d'une longue série. En présence de Pascal Bély, blogueur culturel et de plusieurs représentants du Volcan nous avons découverts les profils divers et variés de chacun des participants. Le choix du spectacle était opportun : brouiller les frontières entre spectateurs et acteurs, définir le sujet, l’objet et revendiquer son choix d’être tantôt spectateur tantôt acteur. Existait-il meilleure entrée en matière qu'une vague d'insultes ?

 

 

"Insultes au public"

Spectacle présenté au Volcan le 25/11/11

 

Texte : Peter Handke

Mise en scène : Arnaud Troalic

 

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